Le ciel nous appartient, Katherine Rundell (2014)

Le ciel nous appartient, Katherine Rundell (2014)

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LeCielSophie est une petite fille d’environ treize ans. Vous vous demandez sûrement comment on peut avoir un âge approximatif. Eh bien, c’est simple, Sophie est arrivée toute seule à Londres en dérivant sur la Manche, non pas à bord d’un bateau mais d’un étui à violoncelle, alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. Emmaillotée dans la partition d’une symphonie de Beethoven, l’enfant de plus ou moins un an a eu l’immense chance d’atterrir dans les bras de l’extravagant Charles Maxim. Ce doux géant, lettré et fantaisiste, est tombé sous le charme de la fillette au premier regard et l’a prise sous son aile.

Dans le désordre poétique du vieil érudit, où s’entassent les livres et les tableaux, et où les araignées coulent des jours heureux, Sophie grandit comme une fleur. Elle reçoit de son tuteur une éducation des plus fantasques, affranchie des convenances du siècle, entre insouciance, balades, mots d’esprit, rêveries et soupers tardifs.

Lors d’un concert de musique classique, celle dont la chevelure aveuglante couleur d’éclair émerveille, a une révélation pour le violoncelle. Son chant lui semble familier ; elle revoit sa mère penchée sur l’instrument, battant la cadence de son pied. Charles, qui doute que sa Sophie encore en langes ait pu conserver des souvenirs de la disparue, lui offre néanmoins un violoncelle. Ravie, la jeune fille apprend à jouer avec beaucoup de détermination et, bien qu’elle souffre du manque de sa mère, aime Charles plus que tout au monde.

Hélas, les services sociaux n’ont que faire des sentiments et veulent contraindre le savant à rendre sa pupille à la nation. À cette nouvelle, celle-ci brise de rage l’étui de son violoncelle. Apparaît alors, cachée sous la doublure, une plaque avec une adresse en France ; le cœur de Sophie tambourine contre sa poitrine et se gonfle d’espoir. S’ensuit une folle escapade vers la Ville lumière sur les traces de l’absente, durant laquelle Charles va découvrir la bureaucratie française et Sophie de bien curieux personnages, des « danseurs du ciel » qui, de toit en toit, la guideront dans sa quête de soi et de ses origines…

Couronné cette année par le Prix Sorcières dans la catégorie « Roman juniors », Le ciel nous appartient est un premier roman vibrant sur le passage de l’enfance à l’adolescence, et sur la recherche de son identité. Comme Mary Hooper – officiant également chez les Grandes Personnes : Velvet, Waterloo Necropolis, L’infortune de Kitty Grey –, Katherine Rundell a choisi de situer son action fin dix-neuvième, entre Londres et Paris… ou plutôt entre Londres et les toits de Paris puisque l’aventure se déroule principalement dans les airs.

Il faut avoir le goût de l’aventure et un bon souffle pour suivre Matteo et sa bande, les nouveaux amis de Sophie, des orphelins débrouillards qui, ayant élu domicile tout près du ciel, évoluent, agiles, dans le velours de la nuit, se faufilent entre les cheminées et s’évanouissent comme des ombres… Un livre pour les funambules, les poètes et… ceux qui n’ont pas le vertige !

Dès 10 ans.

« Ce sont des danseurs du ciel, eux aussi. Le ciel est leur maison. C’est comme ça qu’on appelle tous les enfants qui vivent dehors, mais qui ne sont pas des sans-abri. Pas ceux qui vivent dans la rue : ceux-là sont simplement des enfants perdus : ils ont moins de chance. La rue, ça ne peut pas être un foyer, parce que d’autres gens l’utilisent en permanence, et qu’un foyer, ça doit rester privé. »

Mélanie, bibliothécaire

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Le ciel nous appartient, Katherine Rundell (Les Grandes Personnes, 2014).