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Dans les contrées froides de Norvège vit Odd, un petit garçon que tout le monde trouve étrange. Et on ne peut pas dire qu’il ait eu beaucoup de chance dans la vie. Très jeune, il a perdu son père, mort d’une façon peu glorieuse pour un Viking, happé par les flots alors qu’il tentait, durant une expédition en mer, de sauver un poney de la noyade ; puis il a perdu une jambe, en maniant la lourde hache tant de fois soulevée par le bras paternel. Sa mère, quant à elle, brune écossaise à la voix enchanteresse, depuis subit son remariage avec le gros Elfred, un soiffard qui ne porte pas vraiment Odd dans son cœur. Rejeté, livré à lui-même, l’enfant passe beaucoup de temps dans les bois.

Un jour, enfin, il décide de quitter la demeure familiale. Dehors, l’hiver n’en finit plus. La nature, en mars, immobile et silencieuse, est recouverte d’un épais manteau blanc. La vie demeure emprisonnée sous la glace. Le garçon trouve refuge, à la nuit tombée, dans la cabane de son défunt père. Au matin, il entend gratter à sa porte et tombe nez à nez avec un renard aux yeux perçants qui le conduit jusqu’à un ours – visiblement trop gourmand – dont l’une des pattes est restée coincée dans le tronc d’un arbre. Odd délivre l’animal de sa prison, malgré le danger qu’il représente. Débute alors une aventure palpitante et onirique, sur les traces des géants de glace…

En s’enfuyant du cocon familial où il ne trouve plus sa place, Odd obéit à cette « nécessité de devenir soi-même » qu’évoque Bettelheim dans sa Psychanalyse des contes de fées. Dans « le vaste monde », il se révèle débrouillard et plein d’astuce. Grâce à lui, les dieux reprennent forme humaine, le printemps renaît. Lorsque Odd rentre chez lui retrouver sa mère, il est métamorphosé. Son audace et ses efforts ont été récompensés : guéri, il est à présent un homme fort et vaillant. De l’enfant boiteux, montré du doigt, il ne reste rien, si ce n’est ce sourire indécrochable qui irritait son parâtre.

Neil Gaiman, dont les talents de conteur ne sont plus à démontrer, signe ici un magnifique conte initiatique, à la découverte de la mythologie nordique et de la grandeur d’Asgard, ce royaume des dieux que l’on atteint par le Bifrost, un pont arc-en-ciel qui s’ouvre et s’évanouit, avec la même fulgurance, dans une explosion de couleurs.

La langue, à l’image de l’histoire, est limpide et belle. Une rêverie où se plonger dès 9 ans.

Mélanie, bibliothécaire

Vérifiez la disponibilité en bibliothèque :
Odd et les géants de glace, Neil Gaiman (Albin Michel, 2010).